J’ai regardé passer la nuit.

J’ai écouté son silence.

Il m’a semblé augmenter l’espace, en gommer toutes limites.

Toute fatigue m’avait désertée.

J’avais l’œil aussi rond que la lune quand elle s’est invitée au centre de ma fenêtre de ciel.

Je clignais parfois des yeux ou les détourner tant sa lumière était vive.

Me regardait-elle comme je la regardais ?

Après son passage, j’ai pu distinguer les étoiles dont elle occultait la lumière.

Une à une, elles apparaissaient.

Il m’est revenu alors, que je regardais un passé lointain, puisque les étoiles que nous observons sont éteintes depuis longtemps, le temps qu’il a fallu à leur lumière pour nous parvenir.

Leur présent passé se mêle à notre présent.

Cela signifie-t-il que le passé et le présent peuvent coexister dans un même espace temps, simultanément ?

N’est-ce pas troublant ?

Je me suis alors demandée si notre passé pouvait-être le présent d’autres observateurs.

Et notre futur alors ?

Peut-il être contemporain d’autres présents, d’autres passés ?

Pour certain physicien le temps se dédouble. (cf – Jean-Pierre Garnier Malet)

Qu’en est-il alors de notre réalité ? De nos réalités ?

Soudain, j’ai aussi pris conscience de manière très sensible, tangible, que nous sommes moins qu’un point sur une feuille blanche.

Malgré nos maisons, nous sommes à peine un fragment de poussière d’étoile en suspension dans l’immensité, l’infinité de l’univers.

Et cependant, aussi dérisoires sommes-nous, nous sommes là, sans savoir pourquoi, dans quel but, ni même s’il y en a un.

N’est-ce pas extraordinaire ?

Bien sûr, comme tous je sais déjà cela. Mais à ce moment-là, c’est comme si cette réalité prenait un sens particulier, comme si elle m’emplissait.

L’univers ne fait pas d’erreur, c’est donc à raison que nous sommes là, comme tout ce qui est.

Peut-être juste pour être là, tels que nous sommes ?

Peut-être juste parce que nous sommes une part indissociable de lui, à naître et renaître continûment, ici ou là ?

Juste être.

 

 

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