Les mots sont indiscrets.
Ils peuvent nous vêtir d’élégance plus sûrement qu’un vêtement griffé.
Ils peuvent nous montrer chiffonnés, nécessiteux, apprêtés …
Ils peuvent pareillement écorcher le vernis et révéler notre arrogance, notre mépris, autant que notre délicatesse, notre tendresse, nos peurs, nos doutes, nos envies …
Ils lèvent le voile de nos états d’âme secret.
Ils inventorient la gamme des émotions que nous traversons au moment du dire, de l’écrit.
Ils nous échappent même quand nous pensons en saisir tout le sens, et tant pis pour les impudents qui ne jurent que par leurs définitions déclarées.
Les mots disent sans détours ce que nous essayons d’exprimer en termes choisis, indiquant par là-même qu’il n’y a pas de hasard à la prévalence de l’un sur l’autre.
Ils nous dénudent impunément bien plus que nous le voudrions ou le croyons, candides que nous sommes en pensant les maîtriser.
Les mots sont libres en vérités de ceux qui les aiment autant que de ceux qui les ignorent, les redoutent, les fuient …
Ils ne sont les valets d’aucun et se moquent des apparences.
Ils font ce pour quoi ils sont nés. Ils disent.
Angélica Mary
Photo – Arno Rafael Minkkenen.
- Un mot sur le photographe : Les photos de cet artiste présentent une partie de son corps nu, qui vient s’immiscer dans le décor comme s’il en faisait tout à fait partie.
