Au commencement il y eut le verbe.

Et avant lui, en lui, après lui, il y a l’ultime, le silence, là où nait la pensée.

Le verbe a séparé.

Il est le commencement de cette séparation.

Et toute séparation est une violence.

L’Homme au sens de l’humain, a rejeté son ombre de peur qu’elle engloutisse sa lumière et l’a appelée nuit, froid… yin, le principe féminin.

Sa part d’ombre a rejeté sa part de lumière pour les mêmes raisons bien qu’inverses, et l’a appelée, jour, chaud, mouvement .. yang, le principe masculin.

Tout a été séparé, singularisé, en étant nommé.

De ses mots qui nomment, définissent, sont nés les croyances d’un savoir, l’illusion de toutes choses.

Dans le silence, dans le dépouillement, quand la pensée parasite qui tourne en boucle à nous rendre fou enfin se tait, la connaissance vient à soi, non apprise, spontanée.

Un peu comme quand on est tellement épuisé qu’on ne peut plus penser, alors les formes pensées peuvent venir à nous et nous enseigner.

Il est nécessaire pour atteindre la connaissance, de se dépouiller de toutes suggestions érigées en savoir.

Se dépouiller signifie, entrer dans son propre silence.

Se présenter nu face à soi-même, sans fard, sans peur.

Pour cela, il nous faut nous éloigner, pour un temps, de tous artifices, de toutes les sollicitations qui nous gardent distraits, à l’extérieur de nous, sans même que nous en ayons conscience.

Il nous faut le silence qui peut être partagé afin que commence le langage silencieux.

Quoi de plus intime que de partager le silence, sans hâte, sans attentes, en toute confiance, toute sérénité ? 

Quoi de plus intime que d’être auprès de l’autre comme avec soi-même ?

 

Angélica Mary

Photo – Radim Schreiber

Pin It on Pinterest