L’abondance n’est pas opposée au dépouillement volontaire. De même que le détachement n’est pas le renoncement à l’amour.

L’abondance, qui signifie « grande quantité » est un mot souvent évoqué, sans précision quant à sa nature. De quelle abondance, de quelle grande quantité s’agit-il ?

Abondance d’amour ? De bien être ? De nourritures, industrielles ou non ? Combien de personnes ont un congélateur plein au point de ne plus savoir ce qu’il contient à la façon des écureuils qui font des réserves et les oublient ?

Abondance d’objets manufacturés estampillés made in China ou venus d’ailleurs ? Parce que cette abondance là, nombreux sont ceux qui la vivent et auxquels il manque pourtant toujours quelque chose à leur satisfaction.

Abondance de fêtes ? De joie ? D’amour ? De place ? De temps ? De paix ?

Abondance d’argent, de monnaies sonnantes et trébuchantes ?

De quelle abondance avons-nous besoin ? Envie ?

J’insiste sur l’aspect volontaire, choisi, du dépouillement, car ceux-là ne manquent de rien le plus souvent.

Ceux qui subissent réellement le manque, la pauvreté ne sont pas concernés par mon propos.

Car oui, la pauvreté existe dans le monde, créée volontairement par nos sociétés de consommation, qui ont choisi de créer la différence pour effrayer le plus grand nombre et le pousser à consommer toujours plus.

Nous détruisons environ 40% de notre production. Comment donc la pauvreté, la misère, la faim, peuvent-elles exister en dehors de notre volonté, notre complicité, actives ou passives ?

Ainsi s’enrichissent exagérément et inutilement quelques uns, créant une spirale infernale qui creuse les différences et augmente le sentiment de manque chez les autres, par comparaison, avant qu’il ne se manifeste réellement.

Et j’en viens là, à ceux qui se sentent pauvres, alors même qu’ils ne manquent de rien, et le deviennent, pourtant, dans leurs manières d’être et de se manifester aux autres et à la vie.

La Vie quant à elle n’offre pas la pauvreté, elle offre l’abondance en toutes choses.

Le dépouillement choisi, nous apprend à « être » sans l’excès qui encombre le plus souvent nos quotidiens et nos espaces.

Il nous apprend que le respect et la considération, ne s’acquièrent pas par l’avoir mais par la façon dont on se traite soi-même et par le regard que nous portons sur nous-même.

Il nous apprend le détachement, des objets, des lieux.

Ce n’est pas pour autant qu’il modifie nos goûts et nous prive de ce que nous aimons.

Simplement il nous permet de nous positionner face à ce que nous estimons indispensable.

Il nous permet aussi de découvrir que les autres nous accueillen comme nous nous accueillons nous-même, et de la façon dont nous accueillons le monde, la Vie.

Si nous les accueillons avec confiance, avec foi, alors nous recevons, confiance et foi en retour.

Si nous nous respectons, et respectons tout et tous, nous recevons le respect.

Nous recevons en fait tout ce que nous nous accordons à nous-même et aux autres.

Ainsi, bien qu’ayant choisi le nomadisme, je travaille autrement, et je ne vis pas dans la rue.

Je connais plusieurs personnes qui ont fait le choix du nomadisme. Chacune le crée et le vit à sa façon, et s’en réjouit.

Aucune d’elles, ni plus que moi, n’avons fait voeux de pauvreté.

Pour ma part, Je vis dans des maisons très confortables, invitée par ceux qui désertent un temps leur lieu de vie, parfois dans des résidences secondaires qui me sont gracieusement offertes, parfois encore, je cohabite avec des amis, de la famille.

Toujours je suis accueillie comme une invitée de « marque ». Gratitude à eux tous..

L’abondance de lieux m’est offerte, l’abondance de bienveillance aussi, d’Amour.

L’abondance telle que la Vie l’offre toujours, car la Vie est Amour.

 

Photo – Gilles Muratel

Pin It on Pinterest