Craindre le regard de l’autre, qu’on le connaisse ou pas, qu’on l’apprécie ou le méprise, attendre qu’il nous félicite dans la crainte qu’il nous admoneste, n’est-il pas chose étrange à bien y réfléchir ?

Car se soumettre au regard de l’autre, à son jugement, dans quelque domaine que ce soit de notre vie, c’est reconnaître, accorder à l’autre, une suprématie sur nous-même, nos actes, notre vie.

Si nous sommes félicités sincèrement ou pas, nous tirons une satisfaction, voire une fierté de cette soumission.

En cas d’évaluation négative de qui que ce soit, réelle ou supposée, nous nous sentons dépités, humiliés, nous nous méprisons peut-être, nous haïssons …

Et pour quoi ? Pour qui ? Au nom de quoi ?

Si tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute, celui qui écoute vit en rampant en quelque sorte, toujours soumis à l’avis du flatteur, du censeur quel qu’il soit.

C’est remettre entre les mains d’autrui notre propre pouvoir sur nous-même, nous en dépouiller.

Et si nous nous acceptions seulement comme nous sommes plutôt que chercher à plaire à quiconque ?

Et si nous nous émancipions du regard de l’autre pour enfin nous regarder nous-même avec bienveillance ?

Et si nous nous libérions de toute suggestion pour être, juste être ?

Être, et renaître, se découvrir d’instant en instant.

Et si on se choisissait soi ?

Alors peut-être le monde serait-il plus doux , plus vaste …

 

Angélica Mary.

Illustration – Oliivier Marinkosi

 

 

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